Prévenance

Il existe des établissements scolaires qu’il est plaisant de connaître !

Il existe des établissements scolaires qu’il est bien plaisant de connaître ! Concrètement, sans chichi et sans grandiloquence, ils montrent des chemins possibles contre le harcèlement et pour le climat scolaire. 4 novembre 2025, je suis l’invité de l’Observatoire du Climat scolaire, dépendant du ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles.  Une séance de travail est organisée à l’Athénée Léon Lepage, un établissement d’un quartier très populaire de la capitale belge.

Sans accompagnateur, je visite l’établissement avec quatre jeunes filles qui en sont fières. Elles se sentent lui appartenir pour longtemps, après même leur réussite au baccalauréat. Et cette fierté peut être ressentie chez les professeurs qui nous reçoivent dans leurs classes. Elle est ressentie dans des détails qui passent de l’affichage des travaux et idées des élèves à la disposition dans l’entrée des coupes sportives gagnées par ceux-ci. Ce sont aussi les plus jeunes élèves qui les saluent en leur adressant un grand sourire !

Une séance de travail suit. Elle durera jusqu’à ce que le gardien nous demande de sortir car il doit fermer l’établissement. Un vrai moment de bonheur. C’est qu’ici, en tâtonnant, malgré les doutes et les fragilités, on a tout compris et construit !

Au départ, au milieu des années 2010, quand la prévention du harcèlement en milieu scolaire devient enfin une priorité pédagogique, un groupe de professeurs motivés construisent des leçons, des vidéos, des affichages, forment aussi des élèves « ambassadeurs » contre le harcèlement. La fameuse phase de « sensibilisation », avec ses réussites et ses limites. Les adultes sont conscients de ces limites, et ce sont les élèves qui leurs signifient : Ras-le-bol du « harcèlement » ! On le connait mieux que vous d’ailleurs ! Ils n’ont pas tort ces élèves. Comme l’écrit Geoffrey Canada, un directeur d’école américain : « les meilleurs experts en violence ce sont les enfants ! ». Ambassadeurs contre le harcèlement ? Mais ça n’est pas vraiment efficace. Aussi, même si ils et elles gardent le titre d’Ambassadeurs et Ambassadrices, ce sont les élèves de troisième et jusqu’à la terminale qui deviennent à intervalles réguliers des animateurs dans les classes de niveaux différents : il ne s’agit pas de parler du harcèlement mais de créer de la confiance entre les plus âgés et les plus jeunes. En jouant, en dessinant, par des jeux de rôle et avec l’aide des professeurs et surtout de Fouzia, la médiatrice scolaire. Effets sur les plus jeunes, effets sur le climat global de l’école, effets aussi sur les Ambassadeurs et Ambassadrices (ce sont surtout les filles qui se sont mobilisées, mais pas uniquement). L’une d’elle ira jusqu’à dire que « cela a changé sa vie ».

Le lendemain, pour le colloque organisé par l’Observatoire du Climat Scolaire et devant un parterre de plus de 200 personnes, ces jeunes filles raconteront cette expérience, brillamment. Fortement. La standing ovation finale a été plus que méritée !

Oui, il y a de vraies leçons à tirer, parmi celles-ci le fait que la prévention indirecte du harcèlement est certainement plus efficace que tous les programmes dédiés – même si ceux peuvent avoir un effet positif. Une école où l’écoute des élèves débouche sur l’action partagée.

Alors merci à Fouzia Haddache et aux Ambassadeurs et Ambassadrices Iliass Aloite, Sirine Azzouzi, Idiatou Bah, Mia Berisa, Anita Berisa, Maissae El Bouchtili, Mouna Teibi et Wessal Haddada, Ambassadeurs de choc, à l’équipe de l’Athénée Léon Lepage et à celle de l’Observatoire du climat scolaire et sa directrice Simona Lastrego.

Eric Debarbieux, Vice-Président de Prévenance

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