Prévenance

Etude sur le climat scolaire dans le 1er degré

L’ASL en partenariat avec la CASDEN Banque Populaire dévoile les résultats de l’étude sur le climat scolaire dans le 1er degré, menée par les chercheurs Éric Debarbieux* et Benjamin Moignard*

Après la parution en octobre 2022 du premier volet de la vaste enquête de
victimation sur le climat scolaire (2nd degré), l’ASL publie les résultats du second volet de l’étude consacrée au 1er degré.
Cette nouvelle enquête interroge les personnels du 1er degré sur des thématiques
incontournables et diverses et se base sur une vingtaine d’indicateurs : nature et
formes de victimations, évolution du rapport à la hiérarchie et à l’administration,
relation éducative, rapport aux parents, nature et expériences au sein des équipes,
inclusion, etc.
L’enquête permet de faire un comparatif avec les résultats de deux précédentes enquêtes
datant de 2011 et 2016.

UNE DÉGRADATION DU CLIMAT SCOLAIRE
Plusieurs indicateurs montrent une érosion continue, depuis plus de 10 ans, de la
perception du climat scolaire par les personnels interrogés, même si celui-ci reste
encore majoritairement positif. Nous passons en effet de 73,5 % de personnes tout
à fait satisfaites ou plutôt satisfaites en 2011 à 64,2 % en 2016 et à 58,5 % en 2023.
Très significative statistiquement, cette dégradation est en partie liée à la relation avec
les parents d’élèves, puisqu’on passe de près de 15 % de personnels ne se sentant
pas respectés par les parents à près de 19 % en 2016 et 27,5 % en 2023. Le
sentiment est dépendant de la fonction exercée : 21 % des directrices et directeurs ne
s’estiment pas respectés, ainsi que 29 % des enseignants et 36 % de ceux qui exercent
des fonctions pouvant être jugées subalternes (personnels de service, AESH, autres).

Cependant, ce ne sont pas les parents des écoles situées dans un dispositif de
l’éducation prioritaire qui sont jugés les moins respectueux. Si l’on croise la
question sur ce respect ressenti et la variable portant sur l’appartenance à l’éducation
prioritaire, on note, même de manière limitée, mais significative, un plus fort sentiment
de respect par les parents dans l’éducation prioritaire.

UNE VIOLENCE CONTRE LES PERSONNELS PRÉSENTE, MAIS QUI N’A PAS
AUGMENTÉ, ET UN SENTIMENT DE SÉCURITÉ ENCORE FORT

Le sentiment de sécurité à l’intérieur de leur école reste largement dominant, même s’il
s’est légèrement effrité. En 2011, 7 % des répondants disaient ne pas se sentir en
sécurité, c’est le cas de 9,4 % d’entre eux douze ans plus tard. Dans l’éducation
prioritaire, 87 % des personnels se sentent en sécurité dans leur école. Cela
correspond bien à une stabilité dans la victimation des personnels qui n’a guère évolué
en quantité entre les différentes enquêtes.
La violence physique reste très rare et les principales victimations restent
verbales. C’est en gros 38 % des personnels qui ont été insultés dans l’exercice
de leur fonction durant l’année scolaire (ils étaient 41 % en 2011). Aucune différence
quantitative n’est notable entre l’éducation prioritaire et l’éducation ordinaire.

Il n’y a aucune
évolution quant à
l’identité des
auteurs d’insultes,
avec une proportion non
négligeable de parents d’élèves

Le harcèlement et le cyberharcèlement sont présents, avec 17,6 % de répondants
s’estimant harcelés dans l’année (16,3 % en 2011). 1,4 % estime avoir été
cyberharcelé (et 2,7 % sont victimes de cyberviolence). Les auteurs de ce harcèlement et ce
cyberharcèlement, essentiellement moraux, sont des membres de l’Éducation nationale (8,5 % des
personnels estiment avoir été harcelés par des collègues ou la hiérarchie) ou des parents (7 % des
personnels estiment avoir été harcelés par des parents).

UN SENTIMENT GRANDISSANT DE MÉPRIS SOCIAL ET UNE MÉFIANCE
TRÈS MARQUÉE ENVERS LA HAUTE HIÉRARCHIE

Des réponses aux questions ouvertes comme aux questions fermées, on peut
percevoir un sentiment de déclassement social, déjà présent dans les enquêtes
précédentes, mais en augmentation, avec une forte rancœur contre la haute
hiérarchie et les ministres en charge de l’Éducation nationale ces dernières années
(rappel : le questionnaire a été mis en ligne en mars-avril 2023). 19,3 % des personnels
des écoles primaires estiment ne pas être respectés par leur direction (c’est le cas de
38,1 % dans le second degré). L’échelon hiérarchique le plus proche, l’Inspecteur de
l’Éducation nationale, est moins apprécié avec 37,1 % des personnels qui estiment ne
pas être respectés par leur Inspecteur ou Inspectrice de circonscription. La haute
hiérarchie de l’Éducation nationale est la plus mise en cause, et paraît la moins
respectueuse des personnels de terrain. Les réponses à la question : « Vous sentez-vous respecté par la hiérarchie de l’Éducation nationale (hors IEN) ? » sont sans appel
avec une moyenne de 74 % de réponses négatives, presque autant que dans le
second degré (78 %).

Consulter le rapport complet

*Éric Debarbieux est professeur émérite en sciences de l’éducation à l’université Paris-Est Créteil
et Vice-président de l’association Prévenance.

*Benjamin Moignard est professeur en sciences de l’éducation à l’université Cergy-Paris,
Président de l’Observatoire universitaire international de l’éducation et de la prévention (OUIEP)
et membre du laboratoire EMA.

À propos de L’Autonome de Solidarité Laïque (L’ASL)
Nées aux côtés de l’école de la République, L’Autonome de Solidarité Laïque et ses 98 délégations
départementales agissent depuis plus d’un siècle pour protéger les personnels de l’éducation et
prévenir les risques de leurs métiers.
Pour L’ASL, la prévention est la première des protections. Elle propose une offre de formation sur
l’environnement juridique des métiers de l’éducation qu’elle dispense aux personnels d’éducation en
formation initiale et continue (près de 10 000 personnels formés chaque année). Sa mission est
reconnue par le ministère de l’Éducation nationale.
Forte de son expertise, elle partage, depuis 2008, la protection des enseignants et non-enseignants
avec la MAIF dans le cadre de l’Offre Métiers de l’Éducation choisie par un personnel de l’éducation
sur deux.